Malgré la Loi Doubin (loi dont l’une des ambitions est d’obliger les franchiseurs à fournir aux candidats des informations sincères pour leur permettre de s’engager en connaissance de cause), malgré la Fédération Française de la Franchise, de nombreux franchiseurs ne respectent pas leurs obligations et bafoue le Code de Déontologie de la Franchise.
Contrairement à ce qu’elle annonce, la Loi Doubin ne permet pas aux candidats à la franchise de s’engager en connaissance de cause. Deux éléments permettent d’étayer cette affirmation :
– la loi américaine à les mêmes ambitions que la Loi Doubin qu’elle a inspirée, mais elle va beaucoup plus loin,
– la Loi Doubin n’étant pas spécifique à la franchise, elle ne contraint pas les franchiseurs à respecter les fondamentaux de la franchise.
Par ailleurs, La Fédération Française de la Franchise dont le rôle est de « représenter, promouvoir et défendre la franchise en tant que forme de commerce » représente avant tout les intérêts de ceux qui la financent, à savoir les franchiseurs.
Enfin aucune loi n’encadre la relation franchiseurs/franchisés, situation extrêmement regrettable compte tenu de la particularité de cette relation à nulle autre comparable.
La relation franchiseur/franchisé est sous-tendue par un rapport de force plus favorable au franchiseur qu’au franchisé. Mais ce déséquilibre ne se manifeste qu’en cas de désaccord entre les parties. Le fait est que le candidat à la franchise signe son contrat en n’ayant pas forcément conscience que ce rapport de force évoluera, en cas de différend, à son détriment.
Ce fait s’avère très pernicieux dans la relation qui lie un franchisé à son franchiseur. En effet, comme dans toute relation contractuelle, les choses se déroulent en général sans problème au jusqu’à la signature du contrat. Mais contrairement à la plupart des autres accords négociés entre les parties, le contrat de franchise est un contrat dit d’adhésion (c’est à dire qu’il est « à prendre ou à laisser ») rédigé par l’avocat du franchiseur : il est par nature déséquilibré. De ce fait le franchisé, plus que dans tout autre relation contractuelle, sera extrêmement vulnérable en cas de litige. Cependant, l’éthique étant une valeur qui a cours aussi dans le monde de la franchise, je soulignerai que certains franchiseurs savent ne pas abuser du pouvoir que leur confère le contrat de franchise.
Pour les franchiseurs comme pour les franchisés, il y a deux manières de se lancer en franchise : en amateur (tout seul, sans se faire accompagner) ou sérieusement (en s’entourant de spécialistes qui connaissent bien le secteur et ses particularités).
On constate que plus la somme à investir est importante, plus le candidat ressent le besoin de s’entourer de spécialistes qui lui apporteront les connaissances et les compétences qu’il n’a pas. Ainsi de nombreux candidats ayant à investir moins de 100k€ se lancent sans s’entourer d’experts. Parmi les multiples raisons de cette attitude, on peut citer :
– les idées fausses sur la franchise ;
– le sentiment d’être suffisamment compétent et averti pour pouvoir étudier le franchiseur et s’engager seul ;
– des doutes sur le sérieux des experts qui proposent leurs services (nous reviendrons ultérieurement sur le devoir de loyauté et de collaboration des prestataires de services)
– la volonté de limiter les dépenses ;
– ..etc…
De la même manière, de nombreux franchiseurs font le choix de développer leur réseau sans se faire conseiller par des professionnels dont s’est le métier.
Si vous êtes candidat à la franchise et que vous cherchez à maximiser vos risques de perte, voilà une solution quasi-imparable : étudier votre réseau et votre projet sans être accompagné et rejoignez un franchiseur qui n’a aucune unité en propre et qui a développé son réseau sans lui non plus se faire accompagner.
Même dans un mauvais réseau, la probabilité de réussir n’est pas nulle.
Plus un réseau est bon, plus le pourcentage de franchisés réalisant leur retour sur investissement dans le délai prévu est élevé et plus le turnover est faible. Cependant même dans les mauvais réseaux, des franchisés réussissent mieux que les autres, parce qu’ils sont plus débrouillards, parce que le franchiseur leur accorde des avantages, parce qu’ils connaissent bien le secteur d’activité, …etc.
Les franchisés français ne savent pas se fédérer.
Aux USA, les associations de franchisés sont légion et elles affichent sans complexe leurs sites internet qui sont en partie accessibles aux internautes :
– http://www.naasf.org ;
– http://www.akfcf.com ;
– http://iagcf.org.
En France, sur 1300 réseaux, on compte une vingtaine, une trentaine peut-être, d’associations de franchisés, dont aucune n’a de site internet accessible aux internautes. Contrairement aux franchisés américains, il semblerait que les franchisés français aient plus de difficultés à percevoir les avantages personnels qu’ils auraient à défendre collectivement leurs intérêts. Trop souvent, ils attendent d’être en conflit avec leur franchiseur pour tenter (souvent sans succès) de se réunir en association alors que la meilleure solution serait de le faire « en temps de paix ».
Voilà quelques unes des actions légitimes et constructives sur la base desquelles les franchisés d’un réseau peuvent constituer une association indépendante :
– gérer le budget publicitaire alimenté par les redevances du même nom,
– constituer un tableau de bord pour suivre les performances de l’ensemble des franchisés du réseau et ainsi permettre à chaque franchisé de situer ses performances par rapport à une moyenne,
– faire évoluer le réseau vers un système coopératif afin d’être collectivement plus efficaces,
– évaluer la satisfaction des franchisés, identifier les frustrations et proposer des solutions pour gagner en productivité.
Une fois créée, l’association pourra plus facilement se mobiliser pour négocier avec le franchiseur si ce dernier outrepasse ses droits ou bafoue l’intérêt de ses franchisés.