Je tenais à saluer l’action de la revue Prescrire, seul journal médical non financé par les laboratoires pharmaceutiques, qui en contribuant à attirer l’attention des politiques, de la presse et du grand public sur le Mediator, a révélé les dysfonctionnements du système de santé.
Aujourd’hui, le Buflomédil rejoint la liste de ces médicaments à l’égard desquels les autorités sanitaires semblent avoir été trop laxistes. Vieux de 36 ans, le Buflomédil a déjà été réexaminé 3 fois par les autorités sanitaires mais il est toujours en vente en ce début d’année 2011. Et la revue Prescrire de s’interroger « Combien de victimes faut-il encore aux firmes concernées ou à l’Afssaps pour décider de retirer [le buflomédil] du marché ? ». Pour plus de détails, je vous invite à lire l’article publié mardi par le monde.fr
Mardi soir dans le journal de France 2, David Pujadas interrogeait Jean-Daniel Flaysakier : « Est-ce que les autorités de santé en France sont trop laxistes vis à vis des laboratoires ? »
Voici la réponse du spécialiste des questions médicales de la chaîne : « Je dirais qu’en France et aussi en Europe, elles n’ont pas les coudées franches. Idéalement la décision du retrait d’un médicament devrait n’obéir qu’à un impératif de santé publique. La réalité est autre, il y a des pressions, des pressions économiques, notamment du chantage à l’emploi. Ce qui fait qu’on laisse traîner les choses. (…) »
Plus généralement, cette affaire pose deux problèmes, tout d’abord, celui de l’information du grand public, mais aussi celui de la fiabilité des informations fournies par les acteurs qui fabriquent les produits et par les acteurs qui sont financés par ceux qui fabriquent ces produits.
En particulier, on retrouve une situation similaire dans le monde de la franchise. Par le passé, il a fallu attendre la fin des années 80 et une succession de scandales mettant en cause des franchiseurs pour que les pouvoirs publics réagissent en faisant voter une loi (la loi Doubin) qui reste extrêmement permissive. Le fait est qu’aujourd’hui de nombreux problèmes continuent de se poser, les spécialistes le savent mais les candidats à la franchise, eux, l’ignorent et tout est fait pour les maintenir dans leur ignorance.
Pourtant des solutions existent pour mesurer certains phénomènes et mieux informer les futurs franchisés, elles ont notamment été mises en œuvre aux États-Unis :
– en entreprenant des études (menées par des chercheurs indépendants) pour comparer la réussite des entreprises franchisées et celles des entreprises indépendantes
– en communiquant davantage sur les réseaux de franchise qui disparaissent
– en publiant des indicateurs, réseau de franchise par réseau de franchise, pour rendre compte de la capacité des franchisés à rembourser leurs emprunts
– en contraignant les franchiseurs à fournir la liste et les coordonnées des franchisés qui ont quitté leur réseau au cours des 3 dernières années
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