Blog de recherche et d'étude sur la franchise

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Quelques réflexions sur les statistiques de la franchise

In devenir franchisé on 28 décembre 2010 at 17:02

10 raisons de croire que le monde de la franchise est le paradis du commerce – 1/ Le taux de réussite des franchisés est supérieur à 80%  (partie 2)

Attardons nous quelques minutes sur cette citation quelque peu arrangée selon laquelle il existe 3 types de mensonge : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques de la franchise.

On l’a prête à Benjamin Disraeli qui a notamment été Premier Ministre de la reine Victoria en 1868. Elle a été par la suite popularisée par Mark Twain aux Etats-Unis.

Dans le même esprit, Churchill avait coutume de dire : « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées ».

Le problème d’une étude statistique provient de la nature et des intentions de la personne ou du groupe de personnes qui l’établissent :
– ces personnes ont-elles un intérêt financier à orienter les résultats de l’étude d’une manière ou d’une autre ?
– sur la base de quel protocole l’étude a-t-elle été menée ? Ce protocole est-il joint à l’étude ? Les biais ont-ils été correctement identifiés ? Comment ont-ils été pris en compte ?
– l’étude en question est-elle isolée ou se réfère-t-elle à d’autres études effectuées par d’autres personnes sans lien avec les premières ?

Si c’est un chercheur ou un professeur indépendant qui mènent l’étude, on peut raisonnablement penser que ces derniers n’ont aucun intérêt à démontrer une chose plutôt qu’une autre. Leur impartialité ne peut donc être mise en cause. Reste l’erreur de protocole ou d’interprétation. D’où l’utilité de multiplier et de croiser les études entre elles.

En revanche, si c’est un groupement de sociétés privées ou une société, il y a beaucoup plus de raisons de s’interroger sur la neutralité et l’honnêteté intellectuelle des personnes qui la commandent ou qui la mènent.

On peut en conclure qu’une étude statistique seule ne veut rien dire. Le danger réside dans l’énorme pouvoir de persuasion et d’influence que les chiffres de ces études ont sur nous.

Dans la franchise s’est particulièrement vrai. D’autant plus que nombre de ces études sont faites pour inciter les candidats à investir. Pour en revenir au soit disant 80% de réussite en franchise, c’est d’autant plus vrai qu’il n’y a même pas d’étude pour l’étayer.

Puisque nous sommes dans les citations, j’inviterais les futurs franchisés à adopter la devise de Prosper Mérimée (qui la tenait lui même d’un certain Epicharme né en Grèce quelques siècles avant lui) : « Souviens toi de te méfier ».

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Les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques de la franchise

In avis de spécialistes, devenir franchisé, Etats-Unis, franchise on 26 décembre 2010 at 15:59

Dans les prochaines semaines, je vais m’attarder sur chacun des points évoqués dans le post intitulé « 10 raisons de croire que le monde de la franchise est le paradis du commerce », pour les commenter et vous faire partager quelques réflexions ainsi que les positions d’éminents spécialistes de la franchise aux Etats-Unis sur le sujet.

Commençons donc par le premier point : « 1/ Le taux de réussite des franchisés est supérieur à 80%. »

J’aimerais vous faire découvrir l’article que Sean Kelly (l’un des spécialistes de la franchise aux Etats-Unis) a publié sur son site à ce propos. Petite précision, aux Etats-Unis, les franchiseurs ont coutume d’affirmer que le taux de réussite en franchise est de 95%. En fait, je devrais dire « avaient coutume d’affirmer » car depuis que l’IFA a déclaré cette affirmation « potentiellement trompeuse », l’IFA elle même et la grande majorité des franchiseurs ont cessé de la faire valoir.

En France, le taux de réussite en franchise a été évalué par on ne sait qui à 80%. Le fait est qu’à la fin de l’année 2010, les spécialistes français de la franchise ainsi que les autorités chargées de réguler la franchise en France affirment toujours que ce taux est supérieur à 80%.

Vous pouvez retrouver l’article original à l’adresse suivante : Lies, Damn Lies & Franchise Statistics

En voici une traduction.

Les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques de la franchise

Par Sean Kelly, directeur de la publication du site internet Franbest

Dans son autobiographie, Mark Twain cite Benjamin Disraeli qui aurait déclaré qu’il existait trois sortes de mensonge: « les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques ». Si ces deux éminents personnages avaient connu le monde de la franchise, je suis certain qu’ils n’auraient pas dit « les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques» mais plutôt « les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques de la franchise ». Lire la suite

10 raisons de croire que le monde de la franchise est le paradis du commerce …

In devenir franchisé on 19 décembre 2010 at 15:04

… et donc de ne pas se méfier suffisamment.

1/ Le taux de réussite des franchisés est supérieur à 80%.

2/ Une fédération représente à la fois les intérêts communs des franchiseurs et des franchisés.

3/ La franchise est un système qui consiste à répéter un succès avéré.

4/ Une loi impose au franchiseur de remettre au candidat à la franchise « un document donnant des informations sincères, qui lui permettent de s’engager en connaissance de cause ».

5/ Les articles vantant les mérites des franchiseurs sont légion pendant que les articles critiques sont inexistants.

6/ Les franchiseurs apparaissent éternels.

7/ La presse spécialisée regorge de témoignages de franchisés satisfaits et heureux.

8/ Les franchiseurs sont sûrs de leur concept, leur discours est rassurant, leurs plaquettes et leurs sites internet sont superbes.

9/ Les spécialistes affirment que les franchiseurs agissent de manière responsable et que les litiges avec les franchisés sont très rares.

10/ Chaque année des études d’impact montrent que la franchise prend une place grandissante dans l’économie, emploient plusieurs centaines de milliers de salariés et génèrent plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires.

2007 : une nouvelle étude confirme qu’en moyenne, les entreprises franchisées sont moins performantes que les entreprises indépendantes

In avis de spécialistes, Etats-Unis, franchise, Recherches et études on 15 décembre 2010 at 11:58

En Septembre 2007, l’IFA publie sur son site le résultat d’une étude dont elle a confié la réalisation à la société FRANDATA afin d’évaluer et d’interpréter le pourcentage des prêts intégralement remboursés par les entreprises franchisées dans le cadre des programmes de garantie de prêts accordés par la SBA.
Les résultats de cette étude confirment ceux des études de 1994 et de 2002 que j’ai présentées précédemment. En effet, le rapport établit notamment que sur la période allant de 2001 à 2006, le taux moyen de radiation de prêts SBA accordés à l’ensemble des entreprises d’un même secteur d’activité (et qui s’établit à 5,9 %) est inférieur au taux moyen de radiation de prêts SBA accordés aux seules entreprises franchisées du même secteur d’activité (qui s’établit à 6,5%).

Pour consulter le compte-rendu (en anglais) de cette étude, cliquez sur le lien suivant : A Study of Franchise Loan Performance in the SBA Loan Guaranty Programs

Je n’ai pas été autorisé à publier la traduction de cette étude. Néanmoins, je peux vous l’envoyer par mail sur simple demande de votre part.

l’IFA publie une étude montrant que le taux moyen de radiation de prêts des entreprises franchisées est supérieur à celui de l’ensemble des entreprises

En Septembre 2007, l’IFA publie sur son site le résultat d’une étude commandée à la société FRANDATA. Ce travail vise à évaluer et interpréter le pourcentage des prêts intégralement remboursés par les entreprises franchisées dans le cadre des programmes de garantie de prêts accordés par la SBA.
Les résultats de cette étude confirment ceux des études de 1994 et de 2002. En effet, le rapport établit notamment que sur la période allant de 2001 à 2006, le taux moyen de radiation de prêts SBA accordés à l’ensemble des entreprises d’un même secteur d’activité, qui s’établit à 5,9 %, est inférieur au taux moyen de radiation de prêts SBA accordés aux seules entreprises franchisées du même secteur d’activité, qui s’établit à 6,5%.

Pour consulter le compte-rendu (en anglais) de cette étude, cliquez sur le lien suivant : A Study of Franchise Loan Performance in the SBA Loan Guaranty Programs

Je n’ai pas été autorisé à publier la traduction de cette étude. Néanmoins, je peux vous l’envoyer par mail sur simple demande de votre part.

Les franchiseurs invités à cesser d’utiliser des arguments marketing « potentiellement trompeurs »

In Etats-Unis, Recherches et études on 12 décembre 2010 at 17:13

Plusieurs  études ont été menées aux États-Unis pour comparer les performances des entreprises franchisées et des entreprises indépendantes. J’ai notamment parlé précédemment de deux d’entre elles :
– l’étude du professeur Timothy Bates (1994)
– l’étude de la Small Business Administration (2002).
Toutes ces études ont montré qu’en moyenne (tous réseaux confondus), les entreprises franchisées ne réussissaient pas mieux que les entreprises indépendantes.

C’est suite aux résultats de ces études, que dans une lettre datée du 2 mai 2005, Matthew Shay, président de l’IFA(*), invite les franchiseurs à cesser d’utiliser des arguments marketing « potentiellement trompeurs » pour attirer les candidats à la franchise. Il recommande vivement aux franchiseurs de retirer de leurs sites internet, de leurs brochures et de leurs plaquettes toute référence à l’affirmation selon laquelle « le taux de réussite des entreprises franchisées est beaucoup plus élevé que celui des entreprises indépendantes ».

Cliquer sur le lien ci-dessous pour consulter la lettre de Matthew Shay (en anglais) : http://bit.ly/28sxnia

Consulter une traduction en français de cette lettre.

(*) l’IFA est l’International Franchise Association. C’est la plus grosse association de la franchise du monde. Parmi ses membres, elles comptent plus de 1000 franchiseurs, 350 prestataires et 7000 franchisés. Elle a été créée en 1960 pour défendre la franchise et réguler les relations franchiseurs/franchisés. Elle est très influente aux États-Unis et joue également un rôle important à l’international.

Quand les autorités manquent de franchise …

In franchise on 10 décembre 2010 at 12:15

Mercredi 8 décembre, lors d’une conférence de presse, le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux affirmait au sujet de la tempête de neige qui s’abattait sur la France : « il n’y a pas de pagaille, puisque le préfet de police est venu en quelques minutes … ». Au même moment, plusieurs dizaines de milliers de nos concitoyens n’avaient pas du tout la même vision des choses.

En entendant cette déclaration, je n’ai pu m’empêcher de penser à la manière dont les autorités présentent le monde de la franchise, c’est à dire, en niant totalement les problèmes qui se posent aux franchisés. J’ai trouvé intéressante les réflexions de Claude Askolovitch dans son édito politique du lendemain sur i-télé. Je vous invite à le (re)découvrir : l’édito de Claude Askolovitch.

Élargissant le débat, le chroniqueur stigmatise le comportement des autorités qui sont régulièrement prises en flagrant délit de négation des réalités vécues par les français :
–  dans les années 80 le premier ministre Pierre Mauroy déclarait « tous les indicateurs économiques sont au vert », juste avant que le franc ne dévisse totalement
– en octobre dernier, Jean-Louis Borloo affirmait qu’il n’y avait pas de pénurie d’essence, tout le monde connaît la suite
– en 1986, les autorités nous annonçaient que la France avait été épargnée par le nuage de Tchernobyl. Comme chacun sait le nuage en question n’a pas pris la peine de contourner nos frontières,
–  …

Et le journaliste de conclure la première partie de sa réflexion « C’est une manière de tenir un discours politique qui tient à la fois de l’évitement, du déni et de la protection du paternalisme. »
Claude Askolovitch poursuit alors son analyse en proposant des explications à l’attitude de nos responsables :
–  nous attendons d’eux, qu’ils nous protègent de tout … même des impondérables. Ils nous disent ce que nous avons envie d’entendre
–  une preuve en est que quand un politique ose relativiser à juste titre un phénomène, l’opinion s’indigne et la presse lui tombe dessus. Ainsi, quand Dominique Voynet lors d’un déplacement sur les côtes bretonnes en décembre 1999 à la suite du naufrage de l’Erika, déclarait de manière tout à fait justifiée « Ce n’est pas la catastrophe écologique du siècle ! », elle s’est faite traiter de fausse écolo et de personne sans cœur.

Pas facile de dire la vérité et de s’exprimer avec franchise … surtout dans le monde de la franchise !

Les entreprises franchisées ont plus de difficultés à rembourser leurs emprunts que les entreprises isolées

In avis de spécialistes, devenir franchisé, Etats-Unis, Recherches et études on 8 décembre 2010 at 15:35

Il y quelques jours, je vous ai parlé des résultats de l’étude menée par Timothy Bates et publiée en 1994. Voici les résultats d’une autre étude visant à comparer la capacité des entreprises franchisées et des entreprises indépendantes à rembourser leurs emprunts.

Cette étude a été menée en interne par la Small Business Administration (la SBA est l’agence fédérale américaine en charge de toutes les aides fédérales aux petites entreprises. Elle intervient notamment dans le cadre de leur financement ou pour garantir leurs emprunts). Elle montre, qu’en moyenne, les entreprises franchisées éprouvent plus de difficultés à rembourser leurs emprunts que les entreprises indépendantes.
Cette découverte a eu une incidence importante sur la communication de l’agence à destination des candidats à la franchise. En effet, dans le compte-rendu publié en septembre 2002, le rapporteur écrit :
« Compte tenu des publications contradictoires déjà parues et des résultats de la présente étude, on peut affirmer que les franchisés ne réussissent pas systématiquement beaucoup mieux que les entrepreneurs indépendants. En tant que source d’informations de référence, la SBA a le devoir de ne pas entretenir à tort les faux espoirs des futurs entrepreneurs et d’influencer la décision des prêteurs. »

Vous pouvez consulter le compte-rendu (en anglais) de cette étude en cliquant sur ce lien SBA’s Experience With Defaulted Franchise Loans

Consulter une traduction en français de la synthèse de ce rapport.

Les entreprises franchisées ont un taux de défaillance supérieur à celui des entreprises indépendantes

In Etats-Unis, Recherches et études on 5 décembre 2010 at 18:06

Ce constat surprenant ressort de l’une des premières études menées aux États-Unis pour mesurer le taux de réussite des entreprises franchisées. Cette étude diffusée en mai 1994 par le professeur Timothy Bates met à mal l’un des arguments marketing phares utilisés par les franchiseurs américains qui, depuis des décennies, affirment que « le taux de réussite en franchise est de 95% ».
En France, les franchiseurs affirment que ce taux de réussite serait supérieur à 80%. Le fait est qu’aucune étude ne l’a jamais établi et qu’aucune démarche n’a jamais été entreprise à ce jour pour vérifier s’il était fondé.

Quoiqu’il en soit, l’étude du professeur Bates fait partie d’une longue série d’études (cf celle de 2002) qui conduiront, en 2005, le président de l’International Franchise Association à déclarer « trompeur » cet argument marketing et à exhorter les franchiseurs à le bannir de leur communication. En 2007, l’IFA commandera une étude qui confirmera les conclusions des précédentes.

Timothy Bates est un éminent professeur d’Économie de la WAYNE STATE UNIVERSITY de Detroit (Michigan). Cliquez sur les liens ci-dessous pour consulter le rapport d’étude en anglais :
version google books
version PDF

Consulter une traduction en français de la synthèse, du préambule, des parties I et II ainsi que de la conclusion de cette étude.